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vendredi, mars 29, 2024

Ça chauffe !

Chronique : L’album « Mboko God » sur Jumia, un choix de partenariat stratégique inédit

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Le 20 mai dernier marquait la sortie de « Mboko God », le deuxième album de Jovi, et le label New Bell Music a choisi comme partenaire le géant du e-commerce Jumia Cameroun.

Une excellente idée que le choix de distribuer cet album via le numéro 1 de la vente en ligne Jumia.cm, une première au Cameroun dans le secteur de la musique et de la culture en général. Peu de temps avant la date fatidique, l’album était déjà disponible en pré-vente sur le site. Les fans pouvaient donc en quelque sorte réserver leur CD physique avant la date de sortie et payer à la livraison : 1000 F + 1100 F (frais de livraison), et ce dans tout le Cameroun. 

Avec un tel partenariat, le géant du e-commerce se positionne dans la culture urbaine comme une solution face au problème de la distribution de la musique au Cameroun. Le Local Marketing Manager de jumia, Aubin Sigha explique pourquoi ce choix de l’introduction de jumia dans la distribution de la musique urbaine camerounaise :

« Nous avons choisi de travailler avec Jovi, déjà parce qu’étant une entreprise de e-commerce nous avions besoin de collaborer au départ avec un artiste qui comprenne les enjeux du digital, de plus c’est l’artiste le plus en vue de la musique urbaine camerounaise, donc en tant que numéro un de la vente en ligne au Cameroun il allait de soi de nous rapprocher du numéro un de la musique urbaine camerounaise ».

Le ton est donc donné la plateforme jumia.cm semble vouloir se positionner comme le leader de la distribution de la musique au Cameroun avec son réseau de livraison sur le territoire camerounais,

En effet, ceci devrait changer la donne du modèle économique de la musique et de la culture au Cameroun. Avoir la possibilité de se procurer un produit original en ligne (en plus sans se déplacer) devrait réduire à terme l’impact de la piraterie au moins à la sortie du dit produit. Mieux, le paiement à l’avance via le mobile banking pourrait financer à l’avance la production des œuvres de ces artistes.

Acheter un CD original n’est malheureusement pas courant au Cameroun. Mais il faut dire que l’accessibilité et la disponibilité de ce dernier n’est pas toujours au rendez-vous faute d’un réseau de distribution en bonnes et dues formes comme il en existe sous d’autres cieux (Virgin MegaStore, Fnac, Cultura etc.). Et la nature ayant horreur du vide, ce sont ceux qu’on appelle « pirates » qui se postent en distributeurs (dealers ?) de produits culturels. Un réseau de distribution informel dont les revenus ne reviennent bien évidemment pas aux artistes pourtant auteurs de ces œuvres tant prisées.

Il est donc fort à parier que vendre son album physique via un site de e-commerce local et le rendre par la même occasion disponible sur tout le territoire risque d’impacter le secteur de la culture camerounaise dans les mois à venir d’un point de vue économique. Les vives réactions des internautes impatients de rentrer en possession de l’album « Mboko God » (il faut dire que les livreurs ont vraisemblablement été submergés dans leur planning de livraisons), qui, pour certains, était le premier album original acheté, indiquent que les camerounais consomment la culture et sont prêts à payer pour cela. Ceci renforce ma théorie sur le fait que c’est une offre jeune qui fera décoller le e-commerce au Cameroun, ainsi que le mobile banking. On pourrait même envisager un tarif préférentiel pour les clients qui payent directement à la commande. J’irai plus loin en avançant qu’il n’est pas exclu que de telles enseignes produisent à terme certains artistes dont elles distribueraient les œuvres.

Par contre, la question que je me pose, c’est que pour le moment acheter via son téléphone permettrait d’économiser les frais de livraison et/ou de payer moins cher s’il s’agit d’un produit digital par exemple, mais le côté « charnel » d’un produit physique n’est-il pas LA raison primordiale qui fait qu’un consommateur débourse une somme pour l’acquérir ? Car à voir  les photos des internautes fiers d’avoir enfin leur exemplaire original de « Mboko God », on pourrait penser que le CD physique a encore de beaux jours dans nos pays. Pour y répondre, la pratique et des études auprès des consommateurs devront être menées pour mieux connaître leur fonctionnement et habitudes.

En conclusion, « Mboko God » est comme qui dirait un « game changer » autant d’un point de vue artistique que marketing. Il ne reste plus qu’à lui souhaiter le succès commercial. Mais une chose est sûre, ce choix stratégique intelligent fera naître une tendance car nul doute que d’autres artistes auront recours au même canal pour vendre leurs œuvres (CD, livres, DVD etc.) avec à la clé l’assurance d’un reversement de leurs royalties sans toutes les tracasseries de distribution, livraison, service après vente, gestion de la clientèle etc. que peut occasionner la vente. Et même si l’on sait déjà que certains artistes travaillent conjointement avec les « pirates » pour distribuer leurs œuvres, un maillon essentiel à l’éclosion du secteur de la culture et notamment de la musique vient de se mettre en place. Nous pourrons d’ici peu parler d’industrie de la musique au Cameroun, à la bonne heure !

Qui a dit que le Cameroun était derrière comme les lass* ?!

C.V.F

Où se procurer l’album digital et physique… Suivre les impressions de « Mboko God » des internautes sur Twitter.

L’album est désormais disponible sur iTunes et les autres plateformes légales de téléchargement et streaming.

*fesses (être derrière comme les fesses, expression camerounaise pour dire être dernier ou en retard)

Chroniques sur l’album « Mboko God » de Jovi en Français, en Anglais

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Plus bas une vidéo où Stromae parle de Jovi lors de son passage pour un concer à Douala…

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