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mardi, avril 23, 2024

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Chronique : Se marier avant 30 ans – Oui, je le veux… peut-être.

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Wanda People, vous savez que l’affaire du mariage là n’est simple pour personne. Et la pression familiale oh, et la pression de ta personne etc. Et tout ça idéalement avant 30 ans ! Le site The Camerounist a creusé la question…

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« Aaah… Tu connais ton ami non… Est-ce qu’il veut même entendre l’affaire de mariage là. I no di fear mariage, but na e no wan engage. Et tu sais que même sa propre mère ne veut pas qu’il se marie avec moi non ?

– Ekié Pourquoi ?

– Elle dit qu’il est trop jeune pour se marier avec une fille comme moi bla bla bla, que je lui ai donné un enfant pour le bloquer dans ses ambitions. Je ne comprends vraiment pas ce qu’elle me reproche. J’ai l’impression que sa mère pense que je ne lui ai pas laissé le choix, qu’il est avec moi juste parce qu’on a un enfant. En tout cas, i no wan problem, il faut déjà me dire, si elle sent qu’elle a trouvé une femme Eton pour son fils, please makam me i go my way. »

De nos jours, rares sont ceux qui peuvent avouer n’avoir jamais eu (ou entendu) ce type de conversation avec un(e) proche concernant le dilemme du mariage. En effet, nombreuses sont ces jeunes femmes qui se sentent asphyxiées, prises au piège entre l’envie de fonder une famille et la réticence de leur partenaire.

Treasure est une jeune diplômée de l’ENIEG, ressortissante de la région du Sud-Ouest (Mamfé) et aujourd’hui professeure de lycée dans la ville de Ngaoundéré. Sa récente affectation loin de ses deux amours, Ben et sa fille Carmelle, tous les deux résidents à Yaoundé, n’a pas été facile à digérer. Il semble que seule une union devant M. Le Maire puisse lui offrir la possibilité d’un retour définitif auprès de son partenaire. Elle pourrait aussi bien graisser quelques pattes, mais là, c’est une autre paire de manche. De plus, ce que Treasure ne nous dit pas, c’est qu’en réalité la situation est encore plus compliquée qu’elle n’en a l’air.

Ben est le seul fils et l’aîné de la famille Biloa. A 27 ans, comme beaucoup de jeunes au Cameroun, il n’a toujours pas de job, vit chez ses parents et possède un diplôme dans le domaine de la finance. Le chef de famille, le père, n’est pas particulièrement nanti, mais parvient à subvenir aux besoins de la maisonnée et surtout à assurer la scolarisation de tout le monde. Ben s’est très vite mis en marge de la course acharnée que les jeunes entreprennent pour attraper un job qui leur permettra de pouvoir au moinssortir de la maison le matin. Aidé en cela par un contexte social où la promesse d’un emploi à la sortie des études relève de la fiction, Ben est un jeune homme aux mille projets. Dynamique et rêveur, il ambitionne d’évoluer à son propre compte et s’est fait la main pendant quelques temps avec la gestion du business de son père, aujourd’hui en faillite. Le tableau est dressé : Ben, 27 ans, aspirant homme d’affaires, père d’une magnifique fille de 5 ans et… vivant une situation amoureuse complexe.

Retour en 2007. A l’approche des épreuves du Probatoire, Ben et Treasure se rencontrent au terrain de basket de l’ENIEG de Yaoundé. Il lui fait assidûment la cour et les deux se mettent ensemble. Un an plus tard, ils mettent au monde une petite fille, qui viendra renforcer la complicité entre les deux tourtereaux. L’histoire aurait pu tourner autrement mais aussi incroyable que cela puisse paraître, Ben est resté fidèle à son amie jusqu’à ce jour, sans jamais manifester une quelconque intention de la tromper. Néanmoins, si après huit longues années d’une relation plus ou moins harmonieuse, supposée apporter la preuve d’un amour certain, Ben n’a toujours pas fait le pas, ni fiançailles, ni promesses de vie commune, n’est-il pas normal que Treasure s’interroge ? D’autant plus que la jeune femme subit d’énormes pressions familiales et fait l’objet de propositions de mariage ici et là. Treasure aime son homme, mais elle commence à perdre la foi:

« Huit ans avec un gars ce n’est pas le lait. Je l’aime et je sais qu’il m’aime, mais pourquoi il hésite à faire ce dernier pas là ? C’est vrai, sa mère n’est pas d’accord. I don’t know if she thinks she’s going to marry her son ! Mais après tout c’est à lui de faire son choix et de l’imposer. C’est lui l’homme ! ». 

Ce que Treasure semble oublier c’est qu’en même temps, Ben essaie de poursuivre ses rêves. « Est-ce que je suis contre le fait qu’il veuille poursuivre ses rêves ? Je n’ai même jamais essayé de l’en empêcher. I just need a safe situation. Look at me, I am a grown woman, my family also want to feel glad to see their beloved daughter with a ring on her finger. J’ai un enfant dehors et personne n’est sûr, peut-être qu’un beau matin, le gars là va se réveiller et me quitter. Je vais alors faire comment si ça arrive ? »

Ben et Treasure ne sont pas les seuls dans cette situation. Au Cameroun, on observe un net recul des mariages des jeunes de moins de 30 ans. Les registres des mairies se vident peu à peu de ce type de candidats. Interrogée à ce sujet, une dame assez avancée en âge, mère de 3 garçons et 2 filles, explique :

 » C’est vrai qu’à notre époque à 20 ans une fille était même déjà trop vieille pour le mariage. On se mariait très tôt, mais c’est aussi parce qu’on trouvait une situation stable bien plus vite que maintenant. Je me souviens que mon mari a eu sa bourse pour la magistrature à 21 ans et 3 ans plus tard il a demandé ma main, je devais être à l’aube de la vingtaine aussi. Et puis les jeunes filles d’aujourd’hui sont aussi trop impatientes, moi je me rappelle j’avais une amie qui a attendu son mari pendant 7 ans, il était au Ghana, ils se sont vus le jour où ils se sont fiancés et puis pouf! le gars est parti se chercher à Accra. La fille a attendu fatigué, nous on y croyait tellement plus… Elle avait la foi, elle est restée calme et voilà son gars est revenu l’épouser, ils sont heureux.

 » Un homme ne peut pas se marier s’il ne peut pas subvenir aux besoins de sa femme et de ses enfants. Parfois même de la belle-famille aussi. » Et l’amour dans tout ça ? «  Il n’y a pas d’amour quand on a le ventre vide. Après 30 ans de mariage, j’en sais quelque chose. »

Les hommes sont très souvent pointés du doigt quand il s’agit de trouver les responsables de ce malheureux retournement de situation, mais qu’en est-il des femmes ? Entre celles qui veulent être libres pour « jouer la vie » et celles qui veulent se construire une carrière respectable, les discours sur l’égalité des sexes ont validé les nouvelles options offertes aux nombreuses femmes qui traversent l’étape de l’école primaire.

En effet, le destin d’une femme n’est plus obligatoirement lié à celui d’un homme; les opportunités de vie sourient aussi bien aux deux sexes et la possibilité d’être riche et de vivre la vida loca tout au long de sa carrière trotte désormais beaucoup plus clairement dans l’esprit de nos dames. C’est donc ce qui explique les plaintes de ces jeunes hommes affalés tous les soirs au fond des bars, délaissés eux aussi dans le purgatoire du mariage, traitant les femmes émancipées de « calculatrices » et maudissant ce sombre jour où elles ont appris qu’elles pouvaient faire autre chose de leurs mains que tourner le couscous…

via The Camerounist

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