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vendredi, avril 19, 2024

Ça chauffe !

Chronique : J’ai épousé un oiseau de nuit

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Après cinq années de mariage, j’ai toujours le même problème : ses sorties. Nous l’avions déjà alors que nous n’étions même pas encore mariés. J’avais remarqué très tôt qu’il lui était impossible de passer un week-end chez lui à se reposer, bricoler ou regarder des films. Il était toujours parti. Nous n’habitions pas ensemble alors cela ne m’embarrassait pas tant que ça. En revanche, je ne comprenais pas qu’il débarque chez moi à six heures du matin, lorsqu’il avait fini de faire la fête. Il s’endormait, mort de fatigue pour repartir de plus belle dès son réveil en milieu d’après-midi. Pour ma part, je n’ai jamais connu cette capacité à faire la fête non stop. Comme lui, c’est-à-dire jusqu’à ce qu’un mini coma s’ensuive. Il lui arrivait souvent, comme beaucoup d’autres, lorsqu’il était étudiant, d’aller en cours, la tête dans le guidon, mal réveillé faute d’avoir dormi.

Moi aussi j’aime bien sortir et m’amuser, mais si je l’ai énormément fait en début de vingtaine,  cela n’a plus vraiment été le cas lorsque j’ai commencé à travailler. Je suis trop fatiguée le vendredi soir, et lorsque je sors le samedi soir, je passe toute la journée de dimanche à m’en remettre lol. Conséquence : j’ai de moins en moins fréquenté les boites de nuit, préférant les soirées tranquilles entre amis, ou privilégiant les sorties dans les discothèques lors d’anniversaires d’amis ou pendant les fêtes de fin d’année. Je n’ai jamais eu l’impression de manquer quelque chose. Cette transition vers une vie plus calme s’est faite de façon évolutive. Elle convenait à mon nouveau mode de vie. Et puis, pour être honnête, je m’étais tellement amusée lorsque j’étais plus jeune, que je n’y trouvais plus rien de nouveau ni de réjouissant. J’en suis arrivée à m’ennuyer, à trouver les soirées monotones, moi qui, il y a quelques années seulement, ne vivait qu’au rythme des nouveaux pas de danse et des tenues à acheter pour aller au restaurant, à un cocktail, dans un lounge ou dans une boîte de nuit. Je souris lorsque je repense à cette époque, que je suis heureuse d’avoir vécue. Aujourd’hui, j’ai d’autres projets, d’autres ambitions.

Mon homme, quant à lui n’a pas changé ses habitudes. Lorsque nous étions plus jeunes, il me disait qu’il profitait du fait de ne pas avoir de famille, de travail, de responsabilités. Il disait être à l’âge où il faut profiter de la vie, si on ne veut pas louper le coche. J’étais d’accord avec lui. Mais avec le temps, je suis passée à autre chose tandis que lui maintenait son rythme de vie effréné. Lorsque nous nous sommes mariés, j’ai pensé que cette vie de famille que nous allions bâtir ensemble l’épanouirait vraiment. J’imaginais une vie ordinaire de couples avec des sorties occasionnelles. Je ne pensais pas qu’il continuerait à sortir ainsi. Lorsqu’il était étudiant, il faisait la fête tous les week-ends. Une fois qu’il a commencé à travailler, il est passé à la vitesse supérieure, en prenant des verres après le travail, en allant rendre visite à des amis à chaque fois qu’il a une minute, en fréquentant les cabarets, les bistrots, les boites de nuit. Résultat des courses, on ne se voit jamais (puisque je ne l’accompagne pas durant ses virées nocturnes) et j’ai l’impression d’élever nos deux enfants toute seule. Je n’essaie pas de l’empêcher de faire ce qu’il veut. Il n’est pas un enfant. Je préfère lui expliquer ce que je ressens. Lui dire qu’il est absent et continue à avoir une vie de gamin lorsqu’il devrait se comporter en homme capable de faire des sacrifices au profit de sa famille. J’essaie de dialoguer. Sans succès.

C’est un vrai défi pour nous. Pour notre mariage car parfois j’ai l’impression d’être une mère célibataire. Je sais que nous sommes tous imparfaits et j’essaie de l’accepter tel qu’il est mais je redoute de craquer. Je redoute aussi que mes enfants aient un père qui ne sera jamais rassasié de ce mirage de strass, de paillettes et d’alcool.

On a tort de croire que les gens changent. Ou que la vie les transforme forcément. Celui avec lequel vous êtes sorti sera le même que vous épouserez. Rappelez-vous-en ! Vous n’aurez pas une version nouvelle ou améliorée de cette personne, vous l’aurez toute entière et vous devrez relever le défi de l’accepter tel qu’il est ou de vous en aller. Certaines ont des maris alcooliques. D’autres des compagnons infidèles. Plusieurs se plaignent de la radinerie ou de la violence de leurs conjoints. Vous le voyez, il y a toujours quelque chose. Chacune de nous doit simplement savoir ce qu’elle est capable de tolérer et jusqu’à quel point. Car il ne faut pas oublier que nous ne sommes pas venus sur terre pour être malheureux. Un époux aimant devrait contribuer à notre bonheur et non l’inverse. Heureusement, mon époux est parfait en bien d’autres points, ce qui rétablit un équilibre, souvent chancelant, mais qui nous tient l’un contre l’autre malgré tout.

Pour combien de temps encore ? Seul l’avenir nous le dira…

Une mariée anxieuse…

via Black N Wed

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