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jeudi, avril 18, 2024

Ça chauffe !

Chronique : Pourquoi les hommes préfèrent les (fesses) rondes

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Toute mon enfance, j’ai maudit mon héritage bantou. Très vite, j’ai eu pour fesses deux pastèques. Et j’ai beau avoir fait un régime draconien,  si j’ai perdu un peu de masse graisseuse, c’est pour mieux arborer deux – melons – c’est toujours mieux que des pastèques, me direz-vous.

Premier traumatisme. Je suis à la maternelle, donc très petite, et ne cesse d’entendre un terme étrange. Ce mot horrible, il est d’abord sorti de la bouche de camarades de mes parents : « Mais, dis-donc, elle est fessue la petite ! Est-ce que je peux la doter pour mon fils ? »

« Je vous avais dit que c’était ses fesses ! »

L’enfer continue dans la cour alors que je suis à l’école élémentaire, en CP. Je reçois un violent coup de pied. Je me retourne et je vois deux garçons la bouche grande ouverte, comme surpris, tandis qu’un troisième, auteur du coup de pied, explique fièrement : « Vous voyez, je vous avez dit que c’était ses fesses ! « 

De cette anecdote est né un énorme complexe. Je me suis alors plainte auprès de ma mère : il fallait absolument me changer de tenues ! Fini les fuseaux avec les t-shirts au nombril qui dessinaient ma cambrure ! Dorénavant, je porterai de grandes robes amples avec des baskets ou des jeans larges avec des t-shirt noués à la façon du groupe américain TLC !

C’est ainsi que pendant dix ans, jusqu’à l’âge de 16 ans, j’ai porté des pulls noués autour de la taille pour cacher mes fesses. Grosse erreur… Ça les rendait plus grosses ! J’étais trop gourmande pour faire des régimes donc j’ai opté pour le sport : basket et athlétisme. Il ne restait aucun gras sur mon corps et mes fesses ressemblaient à deux pastèques fermes et rebondies. Dans un total déni de ma féminité, je ne comprenais pas pourquoi les hommes m’abordaient… Ah oui, sans doute à cause de mes fesses.

La revanche des formes généreuses
Et puis sont arrivées les Jennifer Lopez, Beyoncé et Shakira, et avec elles, enfin,  la valorisation des femmes aux formes généreuses. Alors on s’est mis à me surnommer J-Lo et à me dire que j’avais de la chance d’avoir de belles grosses fesses… Je n’en revenais pas !

Et un jour, j’ai décidé que je ne devais plus souffrir de les porter. Mieux encore, j’allais les assumer. Les robes moulantes ont commencé à envahir ma garde-robe. Puis mon port de tête a changé : je n’étais plus victime mais panthère noire. Tu les regardes quand j’ai le dos tourné ? Attends, je vais te les montrer ! De là est venue une démarche que j’appelle « Suivez-moi ».  On m’a alors dit des choses… étonnantes.

Un boule « international »
Un jour, lors d’une soirée mondaine parisienne, un jeune homme préférant apparemment les femmes blanches m’a interpellée de façon décomplexée : « Franchement, je ne suis pas du tout sensible à la beauté noire, mais je dois avouer que tu as un boule international ! »
Stupéfaite, même vexée, j’ai tourné les talons avec en tête cette pensée amère : « Seigneur pourquoi m’as-tu donné ce cul ? »

Elles ne sont pas à vendre !
Je vous épargne les mensonges que les garçons inventent dans l’espoir de faire connaissance avec moi – ou plutôt avec cette partie bien particulière de moi. Que de fous-rires quand des personnalités, des artistes et même des ministres dont je tairai les pays m’ont proposé de m’acheter une maison, de me donner des enveloppes d’argent tellement ils voulaient être mes amants !

Un jour, l’un d’eux a craqué et m’a mis une main au cul en public, en pleine journée. Mon direct du droit n’a pas été assez puissant, scène ridicule. Lors de ma demande d’explication dans les cris, j’ai eu droit à un « Je m’excuse Ekia, ça m’a échappé, c’était plus fort que moi. »

Bon vous avez toujours envie d’avoir de grosses fesses mesdames ? Trop c’est trop, n’est-ce pas ? Voyons le côté positif : de la robe moulante à la burka, votre chute de reins fera toujours rêver !

Miss Cotton

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